"Ceux qui commencent par brûler les livres finissent tôt ou tard par brûler les hommes" (Heine)

Vous savez peut-être que si Julien Coupat a passé six mois en prison et est toujours sous surveillance rapprochée (qui lui interdit notamment de voir sa fiancée), c'est parce qu'on le soupçonne d'avoir participé à l'écriture de
L'Insurrection qui vient, livre subversif et que le pouvoir s'accorde à trouver "dangereux". Je vais être honnête: je n'ai pas lu ce livre, je ne peux donc pas le défendre. Tout ce que je sais, c'est d'une part qu'un livre n'est pas une charge suffisante dans une affaire de terrorisme, et d'autre part que Julien Coupat a toujours nié avoir écrit ce livre, tout en lui reconnaissant des qualités.

Je ne suis pas un admirateur de Julien Coupat, et je suis même en désaccord avec lui sur un certain nombre de points, mais à mon sens, rien ne justifie la violence dont il a fait l'objet, et surtout pas la suspicion d'avoir écrit un livre.
      rassemblement suite à l'attaque de la librairie
Le 7 juillet 2009, dans le XVIIème arrondissement de Paris, une librairie a été attaquée par cinq hommes armés de bâtons, et qui ont, en plus de détruire la caisse, déchirer des dizaine de livres, et bousculer des clients, répandu de l'huile sur tous les rayons. Pourquoi? Parce que cette librairie (la librairie Résistances) est politiquement proche du CAPJPO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient), un groupe radical pro-palestinien. Je vous le dis tout net, je ne suis pas membre du CAPJPO, et j'ai même certaines lourdes réticences à son égard. Mais là n'est pas le sujet.

Le problème, c'est d'une part que cette agression n'a bénéficié d'aucune couverture médiatique, et d'autre part que son véritable responsable est connu de tous, mais n'aura probablement aucun problème avec la justice.

Quatre des cinq vandales ont été arrêtés. Ils étaient tous membres d'une organisation d'extrême-droite se revendiquant du rabbin Méir Kahane: la LDJ (pour Ligue de Défense Juive). Sur son site internet, la LDJ nie toute responsabilité, et rejette la faute sur le CAPJPO lui-même. Elle va plus loin, en accusant les communistes d'être responsables de l'antisémitisme dans le monde (le CAPJPO n'est absolument pas communiste, mais pour la LDJ, les communistes semblent responsables de beaucoup des malheurs du monde).

Il y a quelques années, un autre groupe d'extrême-droite prônait des actions violentes contre les juifs, dans Paris, et s'amusait à lancer des messages ouvertement antisémites dans les quartiers les plus fréquentés par des populations juives. Ce groupe, la Tribu Ka, a été interdit et dissous. A cette époque, je me suis réjoui de la nouvelle: même s'ils n'avaient pas été directement impliqués dans des affaires de violence physique, la justice avait fait son travail en considérant que le racisme et l'intolérance n'avaient pas leur place en France. Si vraiment c'est le cas, alors de quel droit cette organisation fasciste reconnue comme terroriste par le FBI (voir ici) qu'est la LDJ, a-t-elle le droit d'exister en France?

En juin, c'est à une mairie (celle de Vitry-sur-Seine) que la LDJ s'en est pris, en saccageant le hall de l'hôtel de ville. Motif? Le maire communiste avait soutenu la cause palestinienne.

Jusqu'à quand la République doit-elle accepter de  subir la terreur de petites organisations communautaristes qui ont la violence pour seule méthode de dialogue? Car on ne compte plus le nombre d'agressions dont la LDJ s'est rendue coupable depuis sa création officielle en France en octobre 2000.

Pour que la démocratie puisse s'exercer sereinement, vive le débat contradictoire, mais à bas les ligues violentes - et malheureusement, la LDJ est loin d'être la seule, car le RED / UNI, les JI (ex GUD), l'AFE/Camelots du Roi (Action Française), le FNJ (Front National Jeunesse) en sont autant d'autres exemples dont l'effet est tout aussi désastreux pour notre pays. Si je suis opposé à la censure politique, je sais qu'aucune autre solution n'est possible que d'interdire ces groupes néfastes à la démocratie.



le 14 juillet 1935, cortège fondateur du Front Populaire, pour la dissolution des ligues factieuses.
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