Et si nos pires cauchemars n'étaient pas seulement des illusions nocturnes?
Et si, finalement, une réalité que nous refusons tous de voir devenait éclatante?
Et si ce sur quoi nous nous permettons de rire se mettait à nous faire pleurer?

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...

Cette histoire se passe dans un pays imaginaire, riche, bien portant, et relativement injuste. Dans ce pays, un homme devient ministre de l'intérieur, et laisse la situation sociale se dégrader au maximum. Avant lui, le pays n'était pas un havre de paix, mais depuis qu'il est là, il y a des émeutes, des autobus incendiés, des agressions en hausse, visant de plus en plus des fonctionnaires (police, pompiers, enseignants etc). Face à cette situation, le pays se met à craindre pour sa sécurité. Le ministre en question se fait alors passer pour "l'homme fort de la situation". Il prononce des mots très durs, voire insultants, à l'égard d'une partie de la population. A côté de ça, il commande à ses amis de la presse un vaste programme de propagande.

Presque uniquement sur ce thème, il se fait élire à la plus haute fonction de l'Etat.

Devenu président, il met en place un programme que beaucoup ne comprennent pas: il réduit les impôts des riches en créant un bouclier fiscal, il instaure un contrôle présidentiel sur la télévision et la radio, il flatte les Eglises par des discours qui remettent en cause toute l'évolution laïque du pays, il fustige les parlementaires et les anciens présidents qu'il nomme "rois fainéants", il installe des camps pour enfermer les sans-papiers, il appelle les citoyens à la délation et ainsi de suite. Sans qu'on s'en rende compte, en l'espace de quelques années, il détruit toute chance de riposte culturelle en supprimant les moyens culturels du peuple (supression de l'Histoire au lycée, destruction de l'université, attaques contre le monde de l'art...)

Tout le monde s'accorde pour dire que ce président est mégalomane et égocentrique. Tout le monde reconnaît qu'il n'est pas stable. Mais dans un pays qui n'a pas connu de guerre sur son sol depuis plus de 60 ans, on ne croit pas possible que la démocratie prenne fin. On voit les choses arriver, mais on se dit que la République a des garde-fous. On sent le vent tourner, mais on espère qu'il se calmera. On relativise. Quand quelqu'un emet l'hypothèse en public que peut-être, cet homme ne serait pas le démocrate qu'il prétend être, on répond qu'il ne faut pas aller trop loin dans sa contestation. On veut rester crédible.

Un jour, on s'aperçoit que les soutiens de ce président (patronnat industriel, presse, Eglise, police) sont ceux qu'ont utilisés à peu près tous les dictateurs occidentaux des deux derniers siècles.

On a peur d'aller trop loin en pensant que le danger est extrême. Peut-être qu'on a raison, mais si on a tort, il sera trop tard quand on s'en apercevra.

La morale de cette histoire, ne la cherchez pas, il n'y en a aucune.

Bien entendu, cette situation est imaginaire, et je ne fais référence à personne en particulier, ni à aucun pays.
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